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Depuis près d’une décennie, le scandale du Diesel-Gate a profondément marqué le secteur automobile, concentrant l’attention sur les émissions directes des véhicules. Cependant, une récente étude publiée dans la revue Particle and Fibre Toxicology révèle qu’un danger caché, encore plus insidieux, menace notre santé : les particules issues des plaquettes de frein. Ces particules, bien que moins médiatisées que celles des gaz d’échappement, posent un risque potentiellement plus élevé pour notre environnement et notre santé.
La face cachée des émissions routières
L’impact des émissions routières est bien plus vaste qu’il n’y paraît. Chaque année, la pollution atmosphérique tue prématurément sept millions de personnes à travers le monde. Les particules fines, les oxydes d’azote et l’ozone forment un mélange mortel auquel nous sommes régulièrement exposés, en particulier dans les zones urbaines.
Si les moteurs à combustion sont souvent pointés du doigt, une autre source de pollution, longtemps ignorée, contribue de manière significative à cette hécatombe : les émissions de « non-échappement ». Ces dernières proviennent des contraintes mécaniques subies par les véhicules en mouvement, notamment l’usure des plaquettes de frein, l’interaction entre les pneus et la route, ainsi que l’érosion des voies.
La récente étude souligne que dans certains pays européens, ces particules surpassent désormais en quantité celles émises par les moteurs. Ces polluants sont particulièrement préoccupants en raison de leur taille minuscule, qui leur permet de pénétrer profondément dans le système respiratoire, atteignant les alvéoles pulmonaires et même la circulation sanguine.
Des plaquettes sans amiante, mais pas sans danger
Le mécanisme de freinage à disque, bien que vital pour la sécurité, est une source importante de pollution. Lorsque nous freinons, les plaquettes appuient sur le disque, générant ainsi une friction qui transforme l’énergie cinétique en chaleur. Ce processus, bien qu’efficace pour ralentir le véhicule, entraîne une usure progressive des plaquettes et libère des particules dans l’air.
Jusqu’en 1999, de nombreuses plaquettes contenaient de l’amiante, un matériau désormais banni en raison de ses effets délétères sur la santé. Les ingénieurs ont alors développé des alternatives sans amiante, appelées NAO (Non-Asbestos Organic), censées être plus sûres. Cependant, l’étude de février révèle que ces plaquettes NAO libèrent des particules encore plus toxiques que celles de l’amiante et même que les particules diesel.
En exposant des cellules pulmonaires à ces particules, les chercheurs ont constaté des dommages alarmants, suggérant que ces nouvelles plaquettes pourraient être plus dangereuses que leurs prédécesseurs. Cette découverte remet en question l’idée que les matériaux modernes utilisés dans les freins sont inoffensifs.
Le cuivre, nouveau suspect numéro un
Parmi les composants des particules de frein, le cuivre se distingue par sa toxicité. Grâce à l’intelligence artificielle, les chercheurs ont identifié sa présence massive dans les poussières des plaquettes NAO. En neutralisant le cuivre, ils ont constaté une réduction significative de la toxicité des particules, soulignant son rôle central dans les problèmes de santé associés.
Le cuivre, en suspension dans l’air, peut provoquer des irritations des voies respiratoires, des pneumonies chimiques et des lésions pulmonaires chroniques. Des liens ont également été suggérés entre l’exposition au cuivre et certaines maladies neurologiques, telles que la maladie d’Alzheimer ou de Parkinson.
Cette découverte est d’autant plus préoccupante que près de la moitié du cuivre atmosphérique provient de l’usure des freins et des pneus. Ainsi, même les véhicules électriques, souvent perçus comme une solution à la pollution urbaine, ne sont pas épargnés, leurs poids accrus entraînant une usure plus prononcée des composants mécaniques.
Vers une réglementation plus stricte
La prise de conscience de l’impact des particules de frein a conduit à une révision des politiques environnementales. En Europe, les nouvelles normes Euro 7, prévues pour 2026, imposeront des limites sur ces émissions. Aux États-Unis, des États comme la Californie et Washington ont déjà légiféré pour réduire la teneur en cuivre des plaquettes, initialement pour protéger la vie aquatique.
Au Royaume-Uni, les émissions de particules de frein représentent aujourd’hui 60 % des polluants des transports routiers, une proportion similaire à celle observée en France. Il est crucial de reconnaître toutes les sources de pollution automobile, qu’elles proviennent d’échappements ou de l’usure mécanique, afin de prendre des mesures efficaces pour protéger la santé publique.
Tableaux comparatifs des émissions de particules :
Type d’émission | Proportion (%) |
---|---|
Particules de frein | 60 |
Gaz d’échappement | 40 |
Alors que le débat sur la pollution automobile se concentre souvent sur les gaz d’échappement, il est essentiel d’élargir notre vision pour inclure toutes les sources de pollution. Comment pouvons-nous mieux intégrer ces préoccupations dans la conception future des véhicules et des infrastructures routières ?
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Wow, je ne savais même pas que les plaquettes de frein étaient si polluantes! 😮
Et dire que je viens juste de changer mes freins… devrait-on s’inquiéter ?
Merci pour cet article, c’est vraiment une prise de conscience nécessaire. 🌍
Je suis curieux de savoir comment l’Europe va réglementer cela.
Les véhicules électriques ne sont donc pas la solution ultime ? 😕
Toute nouveauté entraîne une nouvelle pollution.
Toute nouveauté entraîne une nouvelle pollution. C’est mon premier commentaire.