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Le cancer, longtemps considéré comme une maladie associée au vieillissement, connaît une évolution préoccupante : son incidence augmente désormais chez les jeunes adultes. Cette tendance semble particulièrement marquée dans les cancers du système digestif. Les scientifiques alertent sur cette évolution inquiétante et cherchent à comprendre les causes sous-jacentes. Plusieurs facteurs environnementaux pourraient être responsables de cette augmentation, mais le phénomène reste complexe et multifactoriel.
Une évolution alarmante des statistiques mondiales
Selon les estimations du Centre international de recherche sur le cancer (CIRC), 2022 a vu l’apparition de près de 20 millions de nouveaux cas de cancer à travers le monde, entraînant 9,7 millions de décès. Parmi ces cancers, le cancer du poumon demeure le plus fréquemment diagnostiqué avec 2,5 millions de nouveaux cas. Cependant, les cancers du sein, colorectal, de la prostate et de l’estomac suivent de près. Ce qui est particulièrement préoccupant, c’est que d’ici 2050, le nombre de cas pourrait s’élever à 35 millions. Généralement, les cancers sont plus fréquents chez les adultes de plus de 50 ans. Toutefois, depuis les années 1990, on observe une augmentation de l’incidence des cancers à début précoce, ceux diagnostiqués avant 50 ans, dans le monde entier. Cette évolution pose des défis sanitaires majeurs, car elle change la dynamique de prise en charge et de prévention.
En 2023, une étude publiée dans le British Medical Journal Oncology a souligné une augmentation mondiale de 79,1% des cancers chez les moins de 50 ans entre 1990 et 2019. Parallèlement, le nombre de décès par cancer à début précoce a lui aussi grimpé de 27,7% durant cette période. Bien que l’accès accru aux programmes de dépistage ait contribué à cette hausse, cela n’explique pas entièrement l’augmentation des formes précoces de cancers tels que ceux du côlon, du pancréas, du sein, de la thyroïde, du rein et du corps utérin.
Une épidémie mondiale émergente
L’Institut Gustave Roussy, un centre européen de référence dans la lutte contre le cancer, tire la sonnette d’alarme. Selon le Pr. Fabrice Barlesi, oncologue et directeur général de l’Institut, nous faisons face à un véritable tsunami auquel il faut se préparer. Le terme « épidémie mondiale émergente » résonne fortement parmi les spécialistes. Les cancers à début précoce ont des conséquences profondes, tant sur le plan personnel que sociétal. Les effets secondaires des traitements anticancéreux peuvent également générer des complications de santé supplémentaires, augmentant ainsi la charge de morbidité associée à ces maladies.
Entre 1998 et 2017, l’incidence du cancer a augmenté chez les jeunes adultes âgés de 20 à 39 ans. En France, plus de 15 000 personnes de cette tranche d’âge ont été diagnostiquées avec un cancer en 2022. Les données GLOBOCAN révèlent que l’incidence des cancers colorectaux, du pancréas et de la thyroïde a connu une hausse significative chez les femmes, tandis que les cancers du pancréas et du rein sont en forte progression chez les hommes. Ces chiffres soulignent l’urgence d’une prise de conscience collective et d’une action concertée pour endiguer cette tendance.
Les facteurs de risque et l’exposome
La question qui se pose est : pourquoi l’incidence et la mortalité des cancers à début précoce ont-elles autant augmenté depuis 1990 ? Les chercheurs attribuent cette tendance à plusieurs facteurs de risque, souvent liés au mode de vie moderne. L’alimentation, notamment un régime riche en viande rouge et en sodium, la consommation d’alcool, le tabagisme, ainsi que la sédentarité et le surpoids, sont des facteurs déterminants. L’exposome, concept désignant l’ensemble des expositions environnementales d’un individu au cours de sa vie, joue également un rôle essentiel.
Des recherches récentes dans Nature Reviews Clinical Oncology indiquent que d’importants changements multigénérationnels de l’exposome se sont produits depuis le milieu du 20e siècle. Cela inclut des facteurs comme le régime alimentaire, l’air respiré, le mode de vie, l’environnement, le microbiome et même la situation socio-économique. La profusion d’aliments ultratransformés et la pollution sont probablement des contributeurs majeurs à l’augmentation des cancers précoces. Le surpoids et les maladies inflammatoires chroniques sont également des éléments aggravants.
Vers une meilleure prévention et des traitements adaptés
Face à cette menace croissante, il est crucial d’identifier les facteurs de risque sous-jacents et de mettre en place des stratégies de prévention efficaces. L’Institut Gustave Roussy a initié plusieurs programmes de recherche pour étudier les cancers d’apparition précoce. Le programme YODA (Young Onset Digestive Adenocarcinoma) explore les facteurs méconnus liés aux cancers digestifs chez les moins de 50 ans, tandis que le projet AGE-PROTECT TNBC s’intéresse au vieillissement accéléré des cellules mammaires comme mécanisme potentiel de développement du cancer du sein.
En parallèle, l’Institut s’efforce d’améliorer les dépistages, d’accélérer les diagnostics et de personnaliser les traitements. Ces efforts visent à réduire la charge de morbidité et à stopper, voire inverser, des décennies de progrès dans la lutte contre le cancer. Il est essentiel de renforcer les interventions au niveau de la population pour contrer l’augmentation de la charge de morbidité liée au cancer.
La montée en flèche des cancers chez les jeunes adultes soulève des questions cruciales sur l’avenir de la santé publique. Comment les sociétés vont-elles s’adapter à cette nouvelle réalité et quelles mesures concrètes seront prises pour protéger les générations futures ?
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C’est choquant de voir une telle augmentation chez les jeunes. 😟
Pourquoi les cancers digestifs sont-ils en hausse chez les jeunes adultes ?
Merci pour cet article informatif, ça fait vraiment réfléchir.
Je suis sceptique, est-ce vraiment un problème mondial ou juste une tendance temporaire ?
Le mode de vie moderne est vraiment à blâmer pour tout, n’est-ce pas ? 🤔
Est-ce que l’on parle assez des effets des aliments ultratransformés ?
Les statistiques sont alarmantes, mais quelles actions concrètes sont en cours ?