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Au cœur du développement d’Israël, un projet d’ingénierie colossal a vu le jour : le National Water Carrier (NWC). Ce réseau ambitieux de pipelines, de tunnels et de réservoirs a transformé la manière dont la nation aborde la rareté des précipitations. Conçu pour acheminer l’eau des régions plus humides du nord vers les zones plus arides du centre et du sud, le NWC a non seulement redéfini la géographie du pays, mais a également renforcé son économie. Ce texte explore les défis, les innovations et les implications politiques de ce projet qui a marqué un tournant dans l’histoire israélienne.
L’essor démographique d’une nation
À la fin des années 1940, Israël a connu une explosion démographique importante. Suite à la Seconde Guerre mondiale et à l’Holocauste, la population du pays est passée de 800 000 habitants en 1948 à 1,6 million seulement trois ans plus tard. Aujourd’hui, Israël compte plus de neuf millions d’habitants répartis sur environ 22 000 kilomètres carrés, soit à peu près la taille du New Jersey. Cette croissance rapide a révélé un défi majeur : la pénurie d’eau due à une répartition inégale des précipitations.
Les régions du nord, telles que la mer de Galilée et le bassin du fleuve Jourdain, bénéficiaient d’une abondance de précipitations, avec une moyenne de 40 pouces de pluie par an. Cependant, la majorité des nouveaux arrivants se sont installés dans le centre et le sud d’Israël, des régions beaucoup moins arrosées. Le vaste désert du Néguev, qui couvre environ la moitié du territoire national, reçoit à certains endroits moins de quatre pouces de pluie annuellement. Pour soutenir cette population croissante, un accès équitable à l’eau était impératif pour poser les bases du développement futur du pays.
Les fondations du transporteur d’eau
Conçu au début des années 1950, le National Water Carrier a été créé pour résoudre la distribution inégale de l’eau en Israël. S’étendant sur 130 kilomètres, il comprend une série de structures souterraines et aériennes, dont 87 kilomètres de pipelines en acier et en béton, 13 kilomètres de tunnels creusés à la main à travers des roches escarpées, et 8 kilomètres de canaux ouverts reliés par de grands réservoirs d’équilibrage.
La construction a débuté en 1958 sous l’égide de Tahal, une entreprise de planification des ressources en eau affiliée à l’État, et s’est achevée en seulement huit ans, en 1964. Le système a d’abord déplacé 450 millions de mètres cubes d’eau par jour, atteignant un pic de 1,5 million de mètres cubes quotidiennement. Le coût initial de 420 millions de dollars américains équivaudrait aujourd’hui à environ 4 milliards de dollars. La conception modulaire du projet a permis d’anticiper les améliorations des technologies de gestion de l’eau et la nécessité d’une capacité accrue avec l’expansion démographique. Aujourd’hui, il peut transporter près de quatre fois sa capacité initiale, acheminant environ 1,7 milliard de mètres cubes d’eau par an.
Surmonter le défi de l’altitude
Un défi d’ingénierie majeur pour le National Water Carrier était de faire monter l’eau depuis la mer de Galilée, située à 213 mètres sous le niveau de la mer, sur un gain d’altitude total d’environ 600 mètres. Le parcours commence à la station de pompage Sapir, qui propulse l’eau de 250 mètres vers le point de départ principal du réseau. Plus loin, la station de pompage de Tzalmon prend le relais, utilisant des turbines et des pompes sur mesure pour soulever des millions de mètres cubes de 115 mètres supplémentaires à l’endroit le plus escarpé du trajet.
Depuis Tzalmon, l’eau s’écoule dans le tunnel de Yakov, un conduit de 850 mètres de long traversant les collines d’Elun. Creuser à travers des roches calcaires et basaltiques s’est avéré ardu pour des milliers de travailleurs, ingénieurs et spécialistes du creusement de tunnels. Ils ont dû maintenir l’inclinaison idéale pour un mouvement par gravité tout en minimisant le besoin de pompes supplémentaires. Renforcer le tunnel de trois mètres de large avec de l’acier et du béton a assuré sa résistance à la haute pression de l’eau et a permis des expansions futures.
Réduire les pertes par évaporation
Dans un pays où les précipitations sont minimales et les températures élevées, la perte d’eau par évaporation était une préoccupation cruciale, notamment pour les réservoirs et canaux ouverts en surface. Pour y remédier, les ingénieurs ont appliqué plusieurs stratégies de conception. De nombreux petits réservoirs ont été construits en formes ovales ou circulaires pour réduire la surface exposée et ainsi diminuer le volume perdu par évaporation.
Le réservoir d’Eshkol, l’un des plus grands du réseau, peut contenir plus de cinq millions de mètres cubes d’eau. Sa forme rectangulaire, de 400 mètres de large et 15 mètres de profondeur, a été choisie délibérément pour minimiser l’évaporation en réduisant la surface exposée au vent et au soleil. Une réflexion similaire a guidé la conception des canaux, souvent dotés de formes trapézoïdales à profondeurs variées et côtés inclinés pour limiter l’absorption de chaleur dans les zones exposées. En appliquant les principes fondamentaux de la physique et de l’hydrologie, les ingénieurs du National Water Carrier ont garanti que chaque section, des pipelines et tunnels aux réservoirs et canaux, conserverait autant que possible cette ressource précieuse.
Conclusion
Le National Water Carrier d’Israël est bien plus qu’un simple projet d’infrastructure ; il symbolise l’ingéniosité et la résilience face à des défis environnementaux. En transformant le paysage aride en un bastion de développement et de prospérité, ce projet souligne l’importance de la planification stratégique et de l’innovation technique. Alors que d’autres nations confrontées à des défis similaires regardent vers des solutions durables, cette initiative israélienne servira-t-elle de modèle inspirant pour l’avenir ?
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Bravo Israël pour cette avancée incroyable ! Espérons que d’autres pays suivront cet exemple inspirant. 🌍💧
Comment ont-ils réussi à surmonter les défis d’altitude avec autant de succès ? C’est fascinant !
1,7 milliard de litres d’eau par an, ça semble énorme ! Comment s’assurent-ils que cela ne nuise pas à l’environnement ? 🤔
Un projet aussi colossal en seulement huit ans ? Ça me paraît un peu trop beau pour être vrai. 😅
Merci pour cet article détaillé ! C’est impressionnant de voir comment la technologie peut transformer des paysages arides en oasis. 👏