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Les véhicules électriques, autrefois perçus comme une avancée notable pour la réduction du bruit urbain, voient aujourd’hui leur silence remis en question. En effet, une étude récente de l’Université de technologie de Chalmers en Suède souligne un problème majeur : les systèmes d’alerte sonore des véhicules électriques, les AVAS, pourraient compromettre la sécurité des piétons. Ces sons artificiels, destinés à rendre les véhicules électriques plus audibles, semblent difficiles à localiser, surtout dans des environnements urbains denses. Cette découverte suscite des interrogations sur l’efficacité réelle de ces systèmes dans des situations où la localisation précise des véhicules est cruciale.
Les limites des systèmes AVAS actuels
Les réglementations modernes en Europe, en Chine, au Japon et aux États-Unis imposent aux véhicules électriques et hybrides de produire un son d’alerte artificiel à basse vitesse. En Europe, ce seuil est fixé à 20 km/h, tandis qu’aux États-Unis, il est de 30 km/h. L’objectif est de permettre aux piétons d’entendre les véhicules approchant, qui autrement seraient presque silencieux. Cependant, ces règlements se concentrent uniquement sur la détectabilité des sons, et non sur leur capacité à être localisés. Cela permet aux fabricants de créer leurs propres signatures sonores, souvent testées dans des environnements de laboratoire avec peu de bruit de fond. Cette approche pose des défis en milieu urbain, où les bruits ambiants sont variés et omniprésents.
Wolfgang Kropp, professeur d’acoustique à Chalmers, explique que les exigences actuelles permettent aux constructeurs automobiles de concevoir librement leurs signaux d’alerte. Cependant, en situation de trafic réel, la multiplicité des sons peut rendre ces signaux difficiles à localiser pour les piétons. Il est crucial de repenser ces systèmes pour améliorer leur efficacité sans compromettre la sécurité.
Résultats des tests sur la localisation sonore
Les chercheurs ont mené une expérience en chambre anéchoïque, une salle sans écho, pour tester la capacité des participants à localiser différents types de signaux AVAS. Cinquante-deux personnes ont été placées au centre d’un cercle de vingt-quatre haut-parleurs, diffusant des enregistrements de trois types de signaux AVAS et des sons de moteurs à combustion traditionnelle. Les participants devaient indiquer rapidement la provenance des sons, entendus à environ 7,5 mètres, mélangés à un bruit de fond de parking urbain calme.
Les résultats ont révélé que le signal à deux tons était particulièrement difficile à localiser, surtout lorsqu’il était diffusé simultanément avec d’autres signaux similaires. Aucun participant n’a pu localiser correctement tous les signaux à deux tons dans le délai imparti de dix secondes. Cela soulève des questions sur la pertinence des signaux AVAS actuels dans des environnements avec plusieurs véhicules électriques.
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La nécessité d’améliorer les systèmes d’alerte sonore des VE
L’une des principales conclusions de cette étude est que les sons des moteurs à combustion interne sont plus faciles à traiter pour l’oreille humaine. Ces sons contiennent des impulsions courtes réparties sur une large gamme de fréquences, les rendant plus familiers et plus faciles à identifier. À l’inverse, les fréquences fixes des tonalités AVAS peuvent devenir déroutantes, surtout en présence de plusieurs véhicules.
Leon Müller, doctorant en architecture et génie civil à Chalmers, a souligné l’importance de trouver un équilibre. Bien que les véhicules électriques soient plus silencieux, la sécurité ne doit pas être compromise. La plupart des études sur les systèmes AVAS se concentrent uniquement sur la distance à laquelle une personne peut entendre le véhicule, négligeant l’impact de plusieurs véhicules équipés du même signal AVAS.
Les chercheurs envisagent maintenant d’étudier l’impact des signaux AVAS sur l’ensemble des usagers de la route non motorisés, afin de développer des solutions plus efficaces et sécurisées.
Vers de nouvelles solutions pour la sécurité piétonne
Face aux défis posés par les systèmes AVAS actuels, il est clair qu’une révision des normes est nécessaire pour améliorer la sécurité des piétons et autres usagers vulnérables. Les prochaines étapes pourraient inclure le développement de signaux plus distinctifs et facilement localisables, capables de s’adapter aux bruits ambiants complexes des environnements urbains.
Les chercheurs de Chalmers sont déterminés à poursuivre leurs investigations pour concevoir des systèmes d’alerte sonore qui ne compromettent ni le confort acoustique ni la sécurité. Il est essentiel de trouver un signal efficace pour la détection et la localisation, mais qui n’affecte pas négativement les usagers de la route. Cette quête de solutions optimales se poursuit, avec l’espoir de rendre les rues plus sûres pour tous.
Alors que les véhicules électriques continuent de se multiplier sur nos routes, la question de la sécurité sonore devient de plus en plus pressante. Comment les fabricants et les régulateurs peuvent-ils collaborer pour développer des signaux d’alerte qui protègent réellement les piétons sans nuire à l’environnement sonore ?
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Je trouve ça drôle que les voitures électriques soient silencieuses mais qu’on ait besoin de les rendre bruyantes pour la sécurité. 😂
Est-ce que ces sons ne vont pas juste ajouter au chaos sonore des villes ? 🤔
Merci pour l’article, c’est un problème auquel je n’avais jamais pensé.
Les constructeurs devraient vraiment travailler sur des sons qui ne ressemblent pas à des alarmes de voiture. 🙄
Pourquoi ne pas utiliser des sons plus naturels qui ne perturbent pas autant les piétons ?
Les sons des voitures électriques devraient être plus intuitifs pour qu’on sache d’où ils viennent.
Je suis sceptique sur l’idée que ces sons d’alerte augmentent vraiment la sécurité.
Les piétons vont-ils s’habituer à ces bruits artificiels avec le temps ?