Les Français veulent restreindre l’usage de la cigarette
Selon une enquête de la Ligue contre le cancer, huit Français sur dix souhaitent étendre l’interdiction de fumer dans de nouveaux lieux publics comme les parcs, les plages, les abribus ou les terrasses de cafés. Une tendance que Marion Adler, praticienne à l’hôpital Antoine-Béclère de Clamart (AP-HP), juge à la fois « légitime » et « nécessaire ».
« Il faut protéger la santé des gens et, avant tout, aider les fumeurs à arrêter », a-t-elle déclaré sur le plateau de 20h BFM.
Reconnaître le tabagisme comme une maladie
Loin de toute approche culpabilisante et stigmatisante, la tabacologue insiste sur la nécessité de traiter le tabagisme pour ce qu’il est : une maladie chronique. « Beaucoup de mes patients me disent à quel point ils sont heureux d’avoir arrêté. Ils se sentent enfin libres, capables de reprendre leur vie en main, de voyager à nouveau, de ne plus être esclaves de leur addiction ».
Grâce aux traitements de substitution nicotinique – patchs, gommes, pastilles, sachets, ou encore cigarette électronique –, aujourd’hui remboursés sur prescription, l’arrêt du tabac est devenu plus accessible. « C’est essentiel, notamment à l’hôpital, pour éviter que les patients hospitalisés soient en état de manque », insiste-t-elle.
Étendre les espaces sans tabac pour mieux protéger
Si l’interdiction de fumer dans les lieux publics fermés est en place depuis plusieurs années, Marion Adler appelle à un élargissement de ces restrictions. Les hôpitaux, en particulier, doivent selon elle devenir des zones strictement non-fumeurs, à l’intérieur comme à l’extérieur.
« Ce sont des lieux où l’on vient se soigner. Il est inadmissible que l’on y soit encore exposé à la fumée », souligne la tabacologue.
Même exigence pour les espaces de convivialité.
« Les terrasses de cafés, les plages ou les parcs doivent redevenir respirables. La fumée est toxique. Il ne faut pas l’oublier. Ce n’est pas au non-fumeur de fuir ces lieux, mais à la société d’en garantir l’accès sans exposition au tabac ».
Changer de regard sur la nicotine
L’un des messages clés portés par Marion Adler est la nécessité de dissocier nicotine et tabac.
« Ce n’est pas la nicotine qui tue, c’est la fumée. On peut consommer de la nicotine autrement, aussi longtemps que nécessaire, pour ne plus ressentir le besoin de fumer. C’est une approche efficace, à la fois pour la santé et pour le portefeuille ».
Elle cite plusieurs pays modèles comme le Royaume-Uni, l’Australie ou la Nouvelle-Zélande, qui ont su réduire leur taux de tabagisme grâce à des politiques de réduction des risques, intégrant les substituts nicotiniques dans une stratégie globale de santé publique.
« Ces pays ont compris qu’aider les gens à sortir du tabac passe par l’offre d’alternatives crédibles. Et ça fonctionne ».
Allier prix du tabac et soutien aux alternatives
Pour réussir ce virage, Marion Adler appelle à une mobilisation collective. Elle préconise à la fois une augmentation des prix du tabac et un accès facilité aux substituts, via le remboursement, la prescription médicale et l’information du public. Elle salue d’ailleurs la décision prise sous le mandat de l’ancienne ministre de la Santé Agnès Buzyn d’instaurer le remboursement intégral des substituts nicotiniques sur ordonnance.
Par ailleurs, de nouveaux médicaments d’aide à l’arrêt, récemment autorisés, devraient bientôt être disponibles.
« J’espère qu’ils arriveront rapidement sur le marché. Nos patients en ont besoin », souligne la spécialiste.
Des hôpitaux exemplaires pour une société sans fumée
Marion Adler conclut en appelant les établissements de santé à montrer l’exemple.
« À l’hôpital, nous devons être irréprochables. Ce sont des lieux dédiés à la guérison, pas à l’exposition à la fumée. Nous avons les outils pour accompagner les fumeurs vers l’arrêt. Utilisons-les pleinement ».
Dans un pays où le tabac reste l’un des principaux enjeux de santé publique, le message de Marion Adler est sans ambiguïté : ce n’est pas en punissant les fumeurs que l’on progressera, mais en leur offrant les moyens réels de sortir de la dépendance. Une vision à la fois pragmatique et bienveillante, qui appelle à une véritable refonte de la politique anti-tabac en France.
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Bravo Dr Marion Adler, c’est un beau message d’espoir pour tous les fumeurs qui cherchent à s’en sortir. 😊
Est-ce que les interdictions supplémentaires dans les parcs et plages ne risquent pas de pousser les fumeurs à se cacher encore plus ? 🤔
Les terrasses sans fumée, c’est génial ! Enfin, on va pouvoir profiter de son café sans être gêné par la fumée. ☕️
Encore une fois, on stigmatise les fumeurs au lieu de les aider. Pas d’accord avec cette approche !
Les substituts nicotiniques remboursés, c’est une très bonne chose. Merci pour cette avancée !
Comment peut-on être sûr que les nouvelles mesures seront réellement efficaces ?
Je suis sceptique, augmenter les prix du tabac, c’est juste une façon de remplir les caisses de l’État… 😒
Les hôpitaux devraient vraiment être exempts de fumée, c’est une question de bon sens.