EN BREF
  • 🧠 Cortical Labs propose le CL1, un ordinateur biologique utilisant des neurones humains pour révolutionner l’intelligence artificielle.
  • 🌿 Le CL1 fonctionne dans un environnement artificiel, reproduisant les conditions nécessaires à la survie neuronale grâce à des technologies avancées.
  • 💻 Avec sa formule « Wetware-as-a-Service », la start-up permet de louer de la puissance de calcul biologique, intégrée à un environnement virtuel.
  • ⚖️ Ce projet soulève d’importantes questions éthiques sur l’utilisation du vivant comme ressource informatique, nécessitant des régulations claires.

La technologie ne cesse de repousser les frontières de l’innovation, et Cortical Labs, une start-up australienne, en est un parfait exemple. En proposant un dispositif alliant des tissus neuronaux cultivés en laboratoire à de l’électronique avancée, elle introduit le premier ordinateur biologique commercialisé au monde, le CL1. Ce projet ambitieux, vendu pour la somme de 35 000 dollars, vise à créer une forme d’intelligence artificielle plus efficace et durable, appelée « intelligence biologique synthétique » (SBI). Mais cette avancée technologique soulève également des questions éthiques et philosophiques importantes. Que représente vraiment ce mariage entre le vivant et la machine, et quelles implications pourrait-il avoir sur notre avenir ?

Des neurones en cage

Depuis six ans, Cortical Labs travaille sur le développement du CL1, un ordinateur qui utilise littéralement des neurones humains comme unité de traitement. Contrairement aux composants électroniques traditionnels, le CL1 intègre des cellules vivantes. Ces neurones, cultivés en laboratoire à partir de cellules souches, sont installés sur un réseau d’électrodes planaires. Ce réseau, composé de 59 électrodes, permet une communication constante entre le vivant et la machine, en captant l’activité électrique des neurones et en leur transmettant des signaux externes.

Ce système semble tout droit sorti d’un roman de science-fiction, tant il se situe à la frontière entre le vivant et l’artificiel. Pour assurer la survie des neurones en dehors d’un corps humain, Cortical Labs a conçu un environnement artificiel reproduisant les conditions physiologiques essentielles. Des pompes assurent la circulation des fluides nutritifs, un système d’évacuation élimine les déchets métaboliques, et des réservoirs fournissent les nutriments nécessaires. Un mélangeur gazeux apporte également l’oxygène, le dioxyde de carbone et l’azote requis, tandis que des unités de filtration purifient l’environnement cellulaire, jouant le rôle des reins.

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« Wetware » : quand le vivant devient calculateur

En plus de vendre le CL1, Cortical Labs propose une formule intitulée « Wetware-as-a-Service », permettant aux clients de louer à distance de la puissance de calcul biologique. Ce service innovant, hébergé dans un centre de données, transforme littéralement du tissu neuronal humain en ressource informatique. L’environnement virtuel dans lequel évoluent ces neurones est simulé par le « Système d’Exploitation d’Intelligence Biologique » (biOS), permettant une interaction entre les réactions neuronales et un monde simulé.

Cette innovation a déjà été démontrée par la capacité du système à jouer au jeu Pong. La société affirme que le CL1 pourrait égaler, voire dépasser, les performances des systèmes d’IA numériques traditionnels. Cependant, cette affirmation doit être prise avec précaution, car comparer des IA comme ChatGPT ou Gemini, qui manipulent du texte et des données, avec le CL1, qui simule un processus d’apprentissage biologique, relève de deux concepts radicalement différents.

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Les applications potentielles de la technologie CL1

Cortical Labs envisage d’importantes applications pour le CL1 dans des domaines variés tels que la recherche pharmaceutique, la modélisation des maladies, la robotique et l’intelligence artificielle. L’utilisation de cette technologie pourrait permettre des avancées significatives dans la compréhension et le traitement de maladies complexes, grâce à la capacité du CL1 à simuler des processus biologiques de manière plus précise que les systèmes actuels basés sur le silicium.

Classe 1
Classe 1

La rapidité d’apprentissage et l’adaptabilité du CL1 en font un outil précieux pour la recherche et le développement. En consommant moins d’énergie que les systèmes traditionnels, il offre également un avantage écologique. Cependant, cette avancée technologique pose de nouvelles questions sur les limites éthiques de l’utilisation du vivant dans le domaine informatique. À partir de quel moment un réseau neuronal cultivé pourrait-il développer une forme de conscience ou de sensibilité ?

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Les enjeux éthiques et les perspectives d’avenir

L’émergence du CL1 et de la technologie associée soulève des préoccupations éthiques majeures. En transformant des neurones humains en ressource informatique, Cortical Labs nous confronte à des questions fondamentales sur notre rapport au vivant. La frontière entre l’humain et la machine devient de plus en plus floue, et il est essentiel de définir des régulations pour encadrer cette utilisation innovante.

Le potentiel de cette technologie est indéniable, mais il est crucial de veiller à ce qu’elle soit utilisée de manière éthique et responsable. Les implications de la fusion entre le vivant et le silicium vont bien au-delà de simples avancées technologiques. Elles nous obligent à repenser notre compréhension de l’intelligence, de la conscience et de la vie elle-même. Comment la société choisira-t-elle de naviguer dans cet océan de possibilités éthiques et technologiques ?

Alors que le CL1 continue de captiver l’imagination des chercheurs et des technologues, les questions éthiques qu’il soulève demeurent sans réponse. Comment équilibrer le potentiel de l’intelligence biologique synthétique avec les considérations morales et éthiques inhérentes à son développement ? Le futur de cette technologie dépendra grandement de notre capacité à gérer ces enjeux de manière responsable et éclairée. Quelles nouvelles avancées et défis cette fusion entre le vivant et la machine apportera-t-elle demain ?

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Gaspard Roux, journaliste passionné par l'innovation et la culture geek, apporte son regard expert à Innovant.fr. Diplômé d'une école de journalisme à Marseille, il allie une approche dynamique et une grande curiosité pour explorer les sujets technologiques de demain. Résidant dans cette ville vibrante, Gaspard s'engage à rendre accessibles les avancées les plus complexes, proposant à ses lecteurs des analyses claires et captivantes sur les grandes tendances de l'innovation. Contact : [email protected]

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