Dans le cadre de la journée technique organisée par la Chambre d’agriculture de la Nièvre, la société AgXeed a présenté un robot agricole qui pourrait bien transformer le quotidien des exploitants. L’AgBot, une innovation venue des Pays-Bas, a effectué une démonstration impressionnante, suscitant autant de curiosité que d’enthousiasme parmi les agriculteurs présents.
L’autonomie : nouvelle ère pour l’agriculture
Le secteur de l’agriculture a vu l’arrivée de nombreuses technologies, mais l’essai de l’AgBot à Narcy est perçu comme un véritable tournant. Capable de travailler sans supervision humaine, ce robot est destiné à diminuer la charge de travail des agriculteurs. « Ce que le robot est en train de faire, le déchaumage de la parcelle, ça ne demande pas de compétence particulière. C’est le travail que l’on confie à un stagiaire ou qu’on fait quand on a 14 ans”, commente Jean-Charles Zwaenepoel, à qui appartient le champ utilisé pour la démonstration.
Jonathan Muller, représentant commercial d’AgXeed, a expliqué les diverses fonctionnalités du robot, mettant en lumière sa capacité d’autonomie après un arpentage initial de la parcelle. « Il faut créer la mission du robot via un portail, depuis un ordinateur ou une application. Une fois programmé, on peut suivre l’avancement à distance en temps réel. »
Sécurité et responsabilité : un outil bien encadré
La sécurité des exploitants est au cœur des préoccupations des concepteurs. L’AgBot est muni d’une panoplie de capteurs comme le Lidar, des capteurs à ultrasons et des radars intégrés, assurant la détection des obstacles et minimisant les risques d’accidents. « Les systèmes de capteurs doivent détecter le moindre obstacle qui n’aurait pas été indiqué pendant l’arpentage”, précise Jonathan Muller. En outre, AgXeed garantit la sécurité en cas de problèmes causés par un défaut de détection.
Bien que l’AgBot soit en mesure de travailler sans supervision, des risques comme le vol persistent, malgré son poids de près de huit tonnes. Cependant, la responsabilité en cas d’accident demeure sous la houlette du constructeur, apportant une sérénité supplémentaire pour les agriculteurs.
Gagner du temps pour des tâches qualifiées
L’intégration de robots comme l’AgBot pourrait libérer du temps précieux pour les agriculteurs, leur permettant de se concentrer sur des tâches nécessitant davantage d’expertise. Jean-Charles Zwaenepoel ajoute : « Ce temps gagné, on pourra l’utiliser à d’autres fins, à mener des tâches que la nature nous impose au moment le plus approprié. »
Malgré cette avancée technologique, le rôle du chef d’exploitation reste crucial. « Ce sera toujours l’agriculteur qui va décider quoi faire à quel moment. On n’a plus besoin d’un chauffeur, mais on aura toujours besoin de main-d’œuvre qualifiée, notamment sur la programmation des machines.”
Un coût non négligeable pour une démocratisation future
Toute révolution a un coût. Le prix du robot s’élève à 330.000 €, soit environ le double d’un tracteur classique neuf. Actuellement, seulement deux unités de l’AgBot ont été vendues en France. Ce montant pourrait freiner l’adoption massive de cette technologie par les exploitants agricoles.
« La révolution ne se fera pas en cinq minutes, mais ça va souvent plus vite qu’on ne le croit. Quand les GPS sont arrivés, on était sceptiques, et pourtant, ils se sont rapidement démocratisés », explique Jean-Charles Zwaenepoel avec optimisme. Selon Jonathan Muller, l’AgBot pourrait être rentabilisé après 700 heures d’utilisation, un chiffre déjà dépassé par certains clients, qui ont atteint les 2.000 heures en un an.
Vers des outils encore plus intelligents
À l’avenir, l’objectif sera de rendre les outils attelés au robot plus intelligents. Actuellement, l’AgBot excelle dans la préparation des sols et les semis, mais ne peut pas encore effectuer des tâches comme la moisson sans surveillance humaine. « On peut tout essayer et tout envisager à l’avenir. La prochaine étape, ce sera de rendre les outils plus intelligents », conclut Jonathan Muller.
Alors que cette innovation technologique commence à trouver sa place dans le paysage agricole, elle ouvre la voie à de nouvelles réflexions. Comment cette automatisation influencera-t-elle le métier d’agriculteur ? Que deviendront les traditions agricoles et les compétences acquises depuis des générations ?