Des chercheurs canadiens ont mis au point une nouvelle méthode d’impression 3D, la tomographie floue, capable de produire rapidement des microlentilles de qualité optique commerciale.
La fabrication de composants optiques a toujours représenté un défi technique et économique majeur. Une avancée significative vient d’être réalisée par une équipe de chercheurs du Conseil national de recherches du Canada, dirigée par Daniel Webber. Ils ont développé une technique révolutionnaire d’impression 3D appelée tomographie floue, permettant de produire des microlentilles avec une précision inégalée.
Tomographie floue : Une innovation prometteuse
La tomographie floue, une branche émergente de la fabrication additive volumétrique, repose sur l’ajout intentionnel de flou optique aux faisceaux lumineux utilisés pendant l’impression 3D. Contrairement aux méthodes tomographiques classiques, cette approche permet d’obtenir des surfaces optiques lisses sans nécessiter de post-traitement laborieux.
« Nous avons délibérément ajouté un flou optique aux faisceaux de lumière pour cette méthode d’impression 3D afin de fabriquer des composants optiques de précision », explique Daniel Webber. Cette méthode permet des réalisations en une seule étape, évitant les processus complexes et chronophages associés aux méthodes traditionnelles.
Prototypage rapide et économique
L’une des grandes promesses de cette nouvelle technique est sa capacité à révolutionner le prototypage rapide et économique de composants optiques. Les imprimantes 3D tomographiques utilisées pour cette méthode sont relativement abordables, de même que les matériaux nécessaires. Cette accessibilité financière pourrait transformer les practices de conception et de fabrication dans de nombreux secteurs.
La tomographie 3D intrinsèquement libre de structures de support permet également aux concepteurs de simplifier leurs designs. Cela autorise la création de composants optiques aux formes complexes, impossibles à réaliser avec des techniques traditionnelles. « La fabrication de composants optiques est coûteuse en raison des spécifications techniques strictes nécessaires et du processus complexe de fabrication », souligne Webber. « La tomographie floue offre une solution viable et moins coûteuse, propice à un prototypage rapide et efficace. »
Des microlentilles de haute performance
Pour démontrer l’efficacité de leur méthode, les chercheurs ont d’abord fabriqué une lentille plano-convexe de seulement un millimètre de diamètre. Testée en laboratoire, cette lentille a montré des performances d’imagerie similaires à une lentille en verre commerciale de même dimension. Les paramètres techniques de cette nouvelle lentille, tels que l’erreur de forme à l’échelle du micron et une rugosité de surface sub-nanomètre, prouvent l’efficacité de la tomographie floue.
Mais les chercheurs ne se sont pas arrêtés là. Ils ont aussi produit un réseau de microlentilles 3×3, démontrant ainsi la formidable précision de cette technologie. Comparé à un réseau imprimé par des techniques 3D tomographiques conventionnelles, le réseau obtenu par tomographie floue a permis d’imager une carte de visite, exploit impossible avec la méthode traditionnelle en raison de la rugosité de surface élevée.
Vers une automatisation et une commercialisation optimisées
L’équipe de Daniel Webber travaille désormais à améliorer la précision des composants en optimisant la méthode de projection de la lumière. Ils intègrent également les paramètres des matériaux utilisés dans le processus d’impression, un pas en avant crucial pour rendre la méthode encore plus robuste.
L’automatisation du temps d’impression est une autre priorité des chercheurs. « L’impression 3D tomographique est un domaine en pleine maturation qui trouve des applications dans de nombreux secteurs », précise Webber. « En optimisant le processus, nous espérons fournir une méthode assez robuste pour des utilisations commerciales étendues, ouvrant ainsi la voie à des applications jusque-là inaccessibles. »
Un impact potentiel sur les technologies futures
Cette découverte, aussi technique soit-elle, a des implications à long terme de grande envergure. La tomographie floue pourrait devenir un outil incontournable pour tout le monde, des fabricants commerciaux aux inventeurs amateurs, rendant possible la création de composants optiques à moindre coût et en un temps record.
« Nous avons ajouté à l’éventail des techniques de fabrication optique une alternative rapide et peu coûteuse », conclut Webber. Cette méthode pourrait-elle devenir le nouveau standard pour la fabrication de composants optiques de haute précision? Les innovations permises par la tomographie floue ouvrent la porte à une nouvelle ère dans la conception et la réalisation d’éléments optiques. Quelles seront les prochaines percées permises par cette technologie?