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La récente avancée scientifique réalisée par des chercheurs chinois marque une étape cruciale dans l’extraction du rubidium, un métal alcalin doux aux applications stratégiques variées. Ce progrès est particulièrement important pour la Chine, un pays dont les secteurs de la haute technologie et de la défense dépendent fortement de ce métal. En réussissant à extraire du chlorure de rubidium ultra-pur à partir de saumure de lac salé, la Chine pourrait considérablement réduire sa dépendance envers les sources étrangères. Cette innovation, dévoilée par l’Institut des Lacs Salés de Qinghai, pourrait transformer l’industrie minérale du pays et renforcer son autonomie dans un contexte de compétition mondiale accrue.
Un rubidium pur à 99,9 %
Les chercheurs de l’Institut des Lacs Salés de Qinghai, une division de l’Académie Chinoise des Sciences, ont annoncé avoir réussi à produire du chlorure de rubidium avec une pureté de 99,9 %. Ce résultat a été obtenu à partir de matériel de chlorure de potassium ne contenant que 0,001 % de rubidium, une concentration initiale jugée commercialement non viable. Le rubidium est essentiel à plusieurs secteurs, notamment dans les horloges atomiques, les cellules solaires à pérovskite, les systèmes aérospatiaux et certains types de verre spécialisés. Par exemple, les horloges atomiques au rubidium sont d’une précision telle qu’elles ne perdent qu’une seconde sur 3,7 millions d’années. Cependant, malgré les vastes réserves de rubidium, la Chine a longtemps eu du mal à les exploiter efficacement à cause de la difficulté de traiter les dépôts rocheux de faible qualité.
Une première pour la Chine
En 2021, la Chine a importé plus de 19 500 tonnes de concentré de rubidium, principalement du Canada et du Zimbabwe. Cette dépendance à 66,3 % des sources externes expose le pays à des risques géopolitiques, d’autant plus que les États-Unis ont ajouté le rubidium à leur liste de minéraux critiques en 2022. Pour répondre à ces défis, le groupe de séparation électrochimique de l’ISL a mis au point un modèle de haute fidélité permettant de suivre les schémas de distribution du rubidium lors du traitement des sels de potassium. Ce modèle peut également prédire le comportement des minéraux en trace dans des environnements de saumure complexes, ouvrant la voie à des applications futures dans la cartographie des ressources et les techniques de séparation.
Avantages économiques et technologiques
Au-delà de son importance technologique, ce processus pourrait générer des économies substantielles. Une analyse des coûts menée en 2022 par l’équipe de Gao Dandan a révélé que le chlorure de rubidium produit par cette méthode pourrait être fabriqué à un tiers du prix du marché actuel. Soutenu par la Fondation Nationale des Sciences Naturelles, l’Académie des Sciences de Chine et les autorités provinciales de Qinghai, ce développement représente une avancée majeure dans la quête de la Chine pour l’autosuffisance en minéraux stratégiques. Il renforce également la résilience industrielle du pays face à une concurrence mondiale de plus en plus intense.
Perspectives et implications futures
Ce développement n’est pas seulement une avancée technologique, mais aussi une déclaration d’intention pour l’avenir des ressources minérales chinoises. En réduisant la dépendance vis-à-vis des importations, la Chine s’assure une plus grande sécurité dans ses chaînes d’approvisionnement critiques. Cette autonomie accrue pourrait également stimuler l’innovation dans d’autres secteurs technologiques où le rubidium joue un rôle clé. Cependant, reste à voir comment cette avancée influencera les relations géopolitiques, notamment avec les pays fournisseurs traditionnels de rubidium. Quelle sera la prochaine étape pour la Chine dans sa quête d’autosuffisance minérale et comment cela affectera-t-il l’équilibre des forces sur la scène mondiale ?
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Wow, 99,9 % de pureté, c’est vraiment impressionnant ! 👏