Un monstre de glace dérive et révèle l’impensable : des formes de vie anciennes surgissent du fond marin gelé

En janvier dernier, un gigantesque iceberg de la taille de Chicago s’est détaché de la péninsule Antarctique, révélant un fond marin jusqu’alors inexploré. Cette évasion de glace a offert aux scientifiques une occasion unique de découvrir un écosystème marin florissant, resté caché sous la glace pendant des siècles. Les recherches menées par une équipe internationale à bord du R/V Falkor (too) du Schmidt Ocean Institute ont permis de révéler des espèces potentielles inconnues et de comprendre comment ces écosystèmes fonctionnent sous les calottes glaciaires. L’importance de cette découverte réside non seulement dans la biodiversité exposée, mais aussi dans les informations cruciales qu’elle apporte sur le comportement passé de la calotte glaciaire antarctique.

Une découverte scientifique inédite

L’expédition dirigée par le Schmidt Ocean Institute a permis d’observer pour la première fois un vaste fond marin libéré par le détachement d’un iceberg. L’équipe de chercheurs, initialement engagée dans une étude du fond marin de la mer de Bellingshausen, a rapidement modifié ses plans pour explorer cette nouvelle zone. Selon le Dr Patricia Esquete, scientifique co-chef de l’expédition, l’écosystème découvert est non seulement beau mais également riche et complexe, avec des communautés animales qui semblent avoir prospéré pendant des décennies, voire des siècles. Cette étude représente la première exploration détaillée et interdisciplinaire de la géologie, de l’océanographie physique et de la biologie sous une zone aussi vaste autrefois recouverte par une banquise flottante.

Le détachement de cet iceberg de 510 kilomètres carrés a permis de révéler une superficie équivalente de fond marin, offrant ainsi une opportunité sans précédent d’étudier ces écosystèmes cachés. Les chercheurs ont été surpris de découvrir un écosystème marin florissant, avec des espèces allant des coraux et des éponges aux poissons de glace et aux pieuvres. Cette découverte pourrait également inclure de nouvelles espèces, soulignant l’importance de continuer à explorer ces zones reculées et inexplorées de notre planète.

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Le rôle des courants océaniques

Les écosystèmes en Antarctique, couverts par une glace épaisse de 150 mètres, sont complètement isolés des nutriments de surface. Pourtant, la vie y prospère, ce qui soulève des questions sur les mécanismes qui soutiennent ces écosystèmes. Les chercheurs émettent l’hypothèse que les courants océaniques pourraient jouer un rôle crucial en apportant des nutriments sous la glace, bien que ce processus ne soit pas encore complètement compris. Cette découverte offre de nouvelles perspectives sur le fonctionnement des écosystèmes sous les sections flottantes de la calotte glaciaire antarctique, là où les connaissances scientifiques sont encore limitées.

En 2021, des chercheurs du British Antarctic Survey avaient déjà signalé des signes de vie sous la plate-forme de glace Filchner-Ronne dans la mer de Weddell. Cependant, l’expédition à bord du Falkor (too) est la première à utiliser un véhicule télécommandé (ROV) pour explorer des paysages aussi vastes contenant une vie abondante dans cet environnement éloigné. Les chercheurs continuent d’analyser les données collectées pour comprendre comment ces systèmes fonctionnent et comment ils ont évolué au fil du temps.

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Impact du changement climatique sur la calotte glaciaire

La perte de glace de la calotte glaciaire antarctique contribue de manière significative à l’élévation du niveau de la mer dans le monde. L’expédition actuelle a permis de recueillir des données cruciales sur le comportement passé de la calotte glaciaire, ce qui est essentiel pour comprendre les récents changements climatiques et améliorer les projections futures. Selon Sasha Montellis, co-chef scientifique de l’expédition, ces travaux sont cruciaux pour fournir un contexte à long terme sur ces changements récents et pour développer des projections pouvant informer des politiques d’actions concrètes.

La mission fait partie du projet mondial Challenger 150, une initiative coopérative axée sur la recherche biologique en haute mer, soutenue par la Commission océanographique intergouvernementale de l’UNESCO dans le cadre de la Décennie de l’océan. Les découvertes faites lors de cette expédition ne sont que le début, et les chercheurs s’attendent à d’autres révélations à mesure que l’analyse des données progresse.

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Une opportunité rare et précieuse

La formation de cet iceberg a offert une occasion exceptionnelle aux chercheurs d’assister à des phénomènes naturels rares et captivants. Comme l’a déclaré Dr Jyotika Virmani, directrice exécutive du Schmidt Ocean Institute, ces moments de serendipité font partie de l’excitation de la recherche en mer, offrant la chance d’être les premiers à observer la beauté intacte de notre monde. Le travail accompli par cette équipe internationale jette une lumière nouvelle sur les mystères sous-marins de l’Antarctique, un domaine où chaque découverte est une avancée significative dans notre compréhension de la planète.

Alors que les scientifiques continuent à analyser les données recueillies, quels autres secrets le fond marin de l’Antarctique pourrait-il encore révéler ?

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