Loisirs

Flashback : il était une fois… la cigarette électronique

En 1927, Joseph Robinson déposa une demande de brevet pour un vaporisateur électronique destiné à un usage médical. Le brevet fut approuvé en 1930 mais ne sera jamais mis en vente pour des raisons obscures. L’office américain des brevets garde encore aujourd’hui la trace d’un document indiquant l’invention de « composés médicinaux chauffés électriquement pour produire des vapeurs à inhaler ». Pour beaucoup, l’année 1930 est donc celle de la véritable naissance de la cigarette électronique dans une forme archaïque. Revenons aujourd’hui sur la fascinante histoire de la cigarette électronique !

Du prototype inachevé à la cigarette Favor

Après cette « première naissance » en 1930, la cigarette à vapeur tombera dans les oubliettes pendant plus de trois décennies. Ce n’est qu’en 1963 que sera déposé un nouveau brevet pour une cigarette sans tabac, remplaçant ce dernier par du papier brûlé par de l’air chaud, humide et surtout aromatisé. Cet appareil produisait de la vapeur aromatisée sans nicotine, mais n’a pas reçu beaucoup d’attention à cause d’une forme encombrante et d’un système de chauffage peu sécurisé. A ce stade, aucune commercialisation n’a été envisagée, et le prototype retourna dans les laboratoires de R&D. La cigarette traditionnelle était terriblement à la mode dans les années 1960 et 1970, et l’idée d’un produit de substitution n’intéressait donc pas les marketers.

La cigarette « Favor », lancée en 1986, est sans doute la toute première cigarette non combustible proposée au grand public. Elle comportait une dose de nicotine supérieure à celle de la cigarette électronique et ciblait les fumeurs « qui en voulaient plus »… une communication qui en choquerait aujourd’hui plus d’un, à juste titre.

Du côté de l’Empire du Milieu…

Hon Lik, un pharmacien et inventeur chinois ayant travaillé comme pharmacien chercheur pour une boite spécialisée dans le ginseng, est largement crédité comme étant l’inventeur de la cigarette électronique moderne (début des années 2000). Certains fabricants de tabac avaient d’ailleurs repris son invention dès 1963 pour proposer des aérosols de nicotine. La division NuMark de Philip Morris a lancé en 2013 la e-cigarette MarkTen sur laquelle Philip Morris travaillait depuis 1990, 13 ans avant que Hon Lik ne crée sa e-cigarette. Hon a cessé de fumer après la mort de son père, mort d’un cancer du poumon.

Son idée ? Utiliser un élément piézoélectrique à haute fréquence émettant des ultrasons pour vaporiser un jet pressurisé de liquide contenant de la nicotine. Cette conception crée une vapeur semblable à de la fumée du tabac. Hon a déclaré que l’utilisation d’un chauffage par résistance donnait de meilleurs résultats et que la difficulté était de réduire l’appareil à une taille suffisamment petite… le même problème rencontré par les premiers inventeurs 35 ans auparavant.

L’invention de Hon se voulait une alternative à la cigarette, et non un complément. Hon Lik considère que l’e-cigarette était comparable à « l’appareil photo numérique qui prend la relève de l’appareil photo analogique ». Ambitieux ! Cette mouture ne bougera pas beaucoup, et le schéma mis en place par Hon Lik reste encore aujourd’hui largement utilisé.

La décennie 2010 et l’hégémonie des compagnies internationales de tabac

Les compagnies internationales de tabac ont temporisé, ne réagissant à cette menace qu’une dizaine d’années après son apparition. Elles ont commencé à produire et à commercialiser leurs propres modèles ainsi que du e liquide pour cigarette électronique sans grand succès. Elles passeront très vite à la domination économique et financière, rachetant à tour de bras les petits concurrents. Blu eCigs, un important fabricant américain d’e-cigarettes, a par exemple été racheté par Lorillard Inc. British American Tobacco a été la première entreprise de tabac à vendre des e-cigarettes au Royaume-Uni avec le modèle Vype.

Fontem Ventures d’Imperial Tobacco a acquis la propriété intellectuelle de Hon Lik par l’intermédiaire de Dragonite International pour 75 millions de dollars américains en 2013 et a lancé « Puritane », en partenariat avec Boots UK. Le 1er octobre 2013, Lorillard Inc. a acquis une autre société de e-cigarettes, SKYCIG, qui a été rebaptisée SKY En Blu. Après un boom concurrentiel pendant la seconde moitié de la décennie 2010, ce marché temporise aujourd’hui face à l’hostilité de certaines législations, notamment dans les pays qui comptent des millions de fumeurs comme les Etats-Unis, le Royaume-Uni et la Chine.

À propos de l'auteur

Axel

Rédac' en chef, je suis un véritable passionné d'innovations et d'entrepreneuriat. Etant toujours à la recherche de nouvelles idées créatives, j'ai décidé de partager mes découvertes sur Innovant.fr, pour vous inspirer également.